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8 MARS : LA PROTECTION DE LA JEUNE FILLE, UN IMPÉRATIF POUR UN AVENIR MEILLEUR

8 MARS : LA PROTECTION DE LA JEUNE FILLE, UN IMPÉRATIF POUR UN AVENIR MEILLEUR

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La Journée internationale des droits des femmes, célébrée chaque année le 8 mars, représente bien plus qu’une simple commémoration. Elle est un symbole de lutte, un appel à la mobilisation et un rappel constant des défis encore à surmonter pour parvenir à une égalité réelle entre les sexes. Cette journée ne doit pas être perçue comme une simple formalité ni comme une occasion de rendre hommage aux femmes par de beaux discours sans lendemain. Elle doit être l’occasion d’une profonde réflexion sur les inégalités persistantes et les injustices subies par des millions de femmes et de jeunes filles à travers le monde.

Christine de Pizan, l’une des premières femmes de lettres en Europe, affirmait déjà au XVe siècle dans La Cité des Dames : « Si les femmes avaient été envoyées aux écoles comme les hommes et avaient étudié les sciences, elles auraient pu écrire et même composer aussi bien qu’eux. » Cette citation, vieille de plusieurs siècles, résonne encore aujourd’hui dans un monde où l’accès des filles à l’éducation demeure un enjeu majeur.

Si les femmes dans leur ensemble continuent de lutter pour l’égalité et la reconnaissance de leurs droits, il est essentiel d’accorder une attention particulière aux jeunes filles. En effet, ces dernières constituent l’avenir de nos sociétés et sont pourtant les premières victimes de nombreuses formes de discrimination et de violences. Privées d’éducation, soumises aux mariages précoces, exploitées dans des travaux domestiques ou encore victimes de mutilations génitales féminines, les jeunes filles doivent faire face à une réalité souvent cruelle qui limite leur potentiel et compromet leur avenir. Il est impératif que nous nous engagions pleinement en faveur de leur protection, de leur éducation et de leur émancipation, afin de leur garantir un avenir meilleur et de construire des sociétés plus justes et plus équitables.

Le combat pour les droits des femmes commence dès l’enfance. Si nous voulons bâtir une société plus juste et plus équitable, nous devons accorder une attention particulière aux jeunes filles. Elles sont l’avenir, mais elles sont aussi les premières victimes d’une multitude de discriminations et de violences qui limitent leur potentiel et compromettent leur avenir.

Les chiffres relatifs aux injustices et aux violences subies par les jeunes filles à travers le monde sont alarmants. Selon les Nations Unies, environ 130 millions de filles ne sont pas scolarisées, ce qui constitue une entrave majeure à leur épanouissement et à leur autonomisation. Chaque année, 12 millions de jeunes filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, souvent contre leur gré, ce qui les prive de leur enfance et les expose à des risques accrus de violences conjugales, de grossesses précoces et de dépendance économique. Par ailleurs, une femme sur trois subit des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie, et les jeunes filles figurent parmi les premières victimes de ces agressions.

Le Secrétaire général de l’ONU et prix Nobel de la paix, Kofi Annan, rappelait : « Il n’existe aucun outil de développement plus efficace que l’éducation des filles. » En effet, priver une fille d’éducation, c’est non seulement entraver son avenir, mais aussi ralentir le progrès de toute une nation.

En Afrique subsaharienne, les mariages forcés restent une pratique courante, favorisée par des traditions et des mentalités qui considèrent encore la jeune fille comme une charge ou un bien à échanger. Dans certaines régions, les mutilations génitales féminines sont encore largement pratiquées, mettant en péril la santé et l’intégrité physique des jeunes filles. De plus, dans de nombreux pays, les lois continuent de discriminer les filles en matière d’héritage, d’éducation et de choix de carrière, perpétuant ainsi des inégalités structurelles qui limitent leur accès aux opportunités et freinent leur autonomisation.

Face à ces constats préoccupants, il est nécessaire de prendre des mesures concrètes pour garantir aux jeunes filles un environnement sûr et propice à leur épanouissement. La protection des droits des filles ne doit pas être perçue comme une option, mais comme une nécessité absolue pour le progrès de nos sociétés.

L’éducation constitue l’un des moyens les plus puissants pour lutter contre les inégalités et favoriser l’émancipation des jeunes filles. Une fille qui a accès à une éducation de qualité est mieux préparée à faire des choix éclairés, à se défendre contre les injustices et à contribuer activement au développement de sa communauté. L’éducation permet non seulement d’acquérir des connaissances, mais aussi de développer l’esprit critique et la confiance en soi, deux éléments essentiels pour surmonter les barrières culturelles et sociales qui freinent l’émancipation des filles.

Par ailleurs, l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, fervente militante du féminisme, affirme avec justesse : « Nous enseignons aux filles à se rétrécir, à se faire plus petites. Nous disons aux filles : ‘Tu peux avoir de l’ambition, mais pas trop.’ » Cette tendance à minimiser les ambitions des filles est encore très présente dans de nombreuses cultures, où l’éducation des garçons est priorisée.

Malheureusement, dans de nombreuses régions du monde, l’accès à l’éducation reste un privilège réservé aux garçons. Les filles sont souvent contraintes d’abandonner l’école pour s’occuper des tâches domestiques, s’occuper de leurs jeunes frères et sœurs ou encore être données en mariage à un âge précoce. Dans certains cas, les familles considèrent qu’investir dans l’éducation d’une fille est inutile, sous prétexte qu’elle finira par se marier et dépendre de son mari. Cette mentalité archaïque perpétue un cycle de pauvreté et d’inégalités dont les conséquences sont désastreuses pour les filles, mais aussi pour la société dans son ensemble.

Il est prouvé que l’éducation des filles a un impact positif sur l’économie, la santé et la stabilité sociale. Une fille éduquée est plus à même de subvenir à ses besoins, de prendre soin de sa famille et de participer activement à la vie politique et économique de son pays. En outre, une mère instruite est plus susceptible d’encourager la scolarisation de ses propres enfants, contribuant ainsi à briser le cycle de l’analphabétisme et de la pauvreté.

Pour garantir un accès équitable à l’éducation, il est essentiel de mettre en place des politiques adaptées, telles que la gratuité de l’enseignement, la lutte contre le harcèlement scolaire et la mise en place de programmes de soutien pour les jeunes filles issues de milieux défavorisés.

Le mariage forcé et précoce représente l’une des formes les plus graves de violation des droits des jeunes filles. Cette pratique prive les filles de leur enfance, les expose à des violences conjugales et compromet leur avenir en les empêchant de poursuivre leur éducation et d’accéder à des opportunités professionnelles.

A cet effet, l’anthropologue et militante féministe Françoise Héritier déclarait : « Les sociétés humaines ont toujours fonctionné sur la domination masculine. Il est temps d’inverser cette logique. » Le mariage forcé est une manifestation claire de cette domination qui réduit la jeune fille à un rôle de soumission et d’obéissance.

Dans plusieurs pays, les lois interdisant le mariage des mineures existent, mais leur application reste insuffisante. Des parents continuent de donner leurs filles en mariage sous prétexte de préserver l’honneur de la famille ou de garantir leur sécurité financière. Cette pratique doit être combattue avec fermeté à travers des campagnes de sensibilisation, l’application stricte des lois et le renforcement des mécanismes de protection des jeunes filles vulnérables.

Face à ces défis, il est impératif que tous les acteurs de la société s’engagent activement pour la protection et l’émancipation des jeunes filles. Les gouvernements doivent mettre en place des politiques et des lois garantissant l’égalité des sexes et l’accès aux droits fondamentaux. Les institutions éducatives doivent créer un environnement propice à l’apprentissage des filles, en luttant contre les discriminations et en favorisant leur accès aux formations qualifiantes.

Les organisations de la société civile ont un rôle crucial à jouer dans la sensibilisation, l’accompagnement et la défense des droits des jeunes filles. Il est essentiel de mener des actions concrètes pour lutter contre les violences, promouvoir l’éducation et encourager l’autonomisation des filles à travers des programmes de mentorat, de formation et d’insertion professionnelle.

Enfin, chaque individu peut contribuer à ce combat en brisant les stéréotypes, en sensibilisant son entourage et en soutenant des initiatives en faveur des droits des filles. L’égalité entre les sexes ne pourra être atteinte que si nous nous engageons collectivement à défendre les droits de chaque fille, où qu’elle se trouve.

C’est pour cela que l’humanitaire Malala Yousafzai, symbole mondial de la lutte pour l’éducation des filles, affirme : « Un enfant, un enseignant, un livre et un stylo peuvent changer le monde. L’éducation est la seule solution. »

Il est temps d’investir dans l’avenir des jeunes filles. Il est temps de leur offrir les opportunités qu’elles méritent.

Le 8 mars ne doit pas être une simple célébration, mais un engagement renouvelé pour la protection et l’émancipation des jeunes filles. Il est de notre responsabilité collective de veiller à ce que chaque fille puisse grandir librement, recevoir une éducation de qualité et poursuivre ses rêves sans entraves.

L’histoire nous a montré que les sociétés ne progressent que lorsque les femmes et les filles y participent pleinement. Aujourd’hui, nous devons nous assurer que chaque jeune fille ait la possibilité de tracer son propre destin, sans peur et sans contraintes. Parce qu’un monde où les filles sont protégées, éduquées et autonomes est un monde meilleur pour tous.


Luc KOUASSI

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