ENFANCE ET SOUFFRANCE PSYCHIQUE : ALERTE SUR UN MAL NÉGLIGÉ EN AFRIQUE

ENFANCE ET SOUFFRANCE PSYCHIQUE : ALERTE SUR UN MAL NÉGLIGÉ EN AFRIQUE

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En Afrique, des enfants grandissent avec des troubles invisibles : anxiété, traumatismes, dépression. Pourtant, la santé mentale infantile reste dramatiquement absente des priorités politiques. Les chiffres sont alarmants. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF, un enfant sur sept en Afrique souffre de troubles psychologiques significatifs. Vous devez également savoir que le continent ne dispose que de 0,1 psychiatre pour 100 000 habitants, contre 0,3 dans le monde, et seulement 1,4 professionnel en santé mentale, bien loin de la moyenne mondiale de 9.

Pire encore, jusqu’à 90 % des enfants en détresse n’ont accès à aucun soin, faute de structures adaptées, mais aussi à cause de la stigmatisation. Selon l’UNICEF, seulement 29 % des pays africains disposent d’une politique nationale de santé mentale dédiée aux enfants. Le personnel qualifié y est presque inexistant : 0,2 professionnel pour 100 000 enfants, contre 1,6 pour les adultes. Vous devez comprendre que négliger la santé mentale des enfants, c’est compromettre directement l’avenir de tout un continent. Il est donc urgent d’agir avec des politiques claires, des moyens concrets et une volonté ferme.

Lorsqu’il est question des enfants en Afrique, l’attention se focalise généralement sur les défis sanitaires visibles tels que la malnutrition, le paludisme ou encore l’accès à l’eau potable. Pourtant, une autre urgence, plus silencieuse et tout aussi destructrice, demeure largement ignorée : la santé mentale infantile. Cette souffrance est encore largement ignorée. Vous n’en entendez que rarement parler, car elle est peu documentée et reléguée au second plan des priorités sanitaires. Or, elle nuit gravement au développement cognitif, émotionnel et social de millions d’enfants.

La santé mentale des enfants constitue aujourd’hui une crise silencieuse en Afrique. Selon l’OMS et l’UNICEF, de nombreux enfants sont touchés par divers troubles psychiques, notamment l’anxiété, la dépression ou encore le stress post-traumatique. Or, cette réalité reste largement sous-estimée, en raison de l’absence de dépistage systématique et du manque de données fiables dans de nombreux pays africains. Les contextes de crise aggravent la situation. En Ouganda, une étude dans l’Est du pays a montré que 60 % de la population souffre de troubles mentaux. Pourtant, 90 % d’entre eux ne reçoivent aucun traitement. Au Burkina Faso, les violences djihadistes ont déplacé deux millions de personnes. Près de 60 % sont des enfants, exposés à des traumatismes répétés sans réponse adaptée. Dans toute l’Afrique subsaharienne, plus de la moitié des enfants souffrant de dépression ne sont jamais pris en charge. Vous pouvez expliquer cela par la rareté des structures, le manque de professionnels formés et les tabous sociaux persistants.

La souffrance mentale des enfants en Afrique découle de plusieurs facteurs. Dans les familles, les violences physiques, verbales ou psychologiques laissent des traces profondes. La pauvreté extrême, de son côté, empêche souvent les familles d’avoir accès aux services de santé, notamment psychiatriques. À cela s’ajoutent les conflits armés, les déplacements forcés, les catastrophes naturelles et l’instabilité politique. Ces événements placent les enfants dans un climat d’insécurité constante, propice aux troubles mentaux.

Les croyances culturelles jouent également un rôle déterminant. Dans certaines régions, vous associez encore les troubles psychiques à des malédictions ou à la sorcellerie. En Somalie, par exemple, certains enfants sont soumis à des rituels traditionnels violents au lieu de bénéficier de soins médicaux appropriés. Cette stigmatisation pousse de nombreuses familles à cacher la souffrance de leurs enfants. Elles préfèrent garder le silence, par peur du rejet, plutôt que de consulter un professionnel. Enfin, le manque d’infrastructures médicales spécialisées rend la situation encore plus critique. Dans plusieurs pays, vous ne trouverez même pas un seul lit en pédopsychiatrie pour 100 000 habitants. Cela rend impossible toute hospitalisation, même en cas d’urgence.

Face à l’ampleur de la souffrance psychique des enfants africains, la réponse institutionnelle reste, malheureusement, très limitée. Qu’il s’agisse du cadre normatif, des dispositifs de prévention ou de l’offre de soins, les efforts déployés jusqu’à présent demeurent en deçà des besoins réels.

Dans la plupart des pays africains, vous constatez l’absence de politiques publiques dédiées à la santé mentale des enfants. Quand elles existent, ces politiques sont souvent obsolètes, non financées ou mal appliquées. Cette carence législative rend difficile la mise en œuvre de stratégies cohérentes et durables.

Aussi, vous ne verrez presque jamais ces questions intégrées aux politiques éducatives ou sociales. Pourtant, l’école pourrait devenir un lieu clé pour repérer et prévenir la souffrance psychique chez les enfants. Faute de directives claires, les enseignants, travailleurs sociaux et agents de santé ne sont pas formés pour détecter ces signaux.

L’offre de soins, sur le terrain, est largement insuffisante. Dans la plupart des cas, les structures de santé mentale se trouvent uniquement dans les grandes villes. Les enfants qui vivent en zone rurale, n’ont presque aucun accès à des soins adaptés. Même dans les centres existants, les équipements sont souvent vétustes, les moyens financiers limités, et les professionnels spécialisés absents.

Le déficit de professionnels qualifiés est particulièrement alarmant. Selon l’OMS, on compte parfois moins d’un pédopsychiatre pour plusieurs millions d’habitants. Dans certains pays, cette spécialité est tout simplement inexistante. Cela signifie que les enfants ne reçoivent aucune prise en charge spécifique, ou sont redirigés vers des structures inadaptées.

En outre, très peu de programmes de soutien psychosocial sont développés au sein des communautés. Les initiatives locales, souvent portées par des ONG ou des acteurs communautaires, manquent cruellement de moyens et de reconnaissance institutionnelle.

Vous remarquerez également que peu d’efforts sont faits pour prévenir ces troubles. Il y a très peu d’initiatives pour sensibiliser les familles, former les enseignants ou détecter les signes précoces de détresse. Sans prévention, les troubles s’aggravent. Vous perdez une précieuse occasion d’aider les enfants à temps.

Le manque de campagnes de sensibilisation sur la santé mentale entretient l’ignorance et perpétue la stigmatisation autour de ces problématiques. Si vous ne comprenez pas les symptômes ni leurs causes, vous aurez du mal à envisager une solution thérapeutique.

Face à l’ampleur de la souffrance psychique des enfants africains et aux limites criantes des dispositifs actuels, une mobilisation urgente et multisectorielle s’impose. Pour garantir aux enfants un avenir serein et équilibré, il est impératif de mettre en place des solutions durables, contextualisées et centrées sur leurs besoins spécifiques.

Pour avancer, vous devez reconnaître que la santé mentale infantile est une priorité. Cela suppose l’adoption de textes juridiques et de stratégies claires, avec des budgets conséquents. Intégrez la santé mentale dans les politiques de santé, d’éducation, de protection de l’enfance et de développement social.

Veillez aussi à ce que les plans d’action prévoient des indicateurs de suivi, des objectifs mesurables et des mécanismes de coordination entre les secteurs. Vous pourrez ainsi orienter les ressources vers les enfants les plus vulnérables.

Il est tout aussi essentiel de développer une offre de soins adaptée aux besoins des enfants. Vous devez créer ou améliorer des centres de santé mentale accessibles à tous, y compris en zones rurales. Il est aussi essentiel de former des professionnels qualifiés : pédopsychiatres, psychologues pour enfants, éducateurs spécialisés. La formation continue des enseignants et des travailleurs sociaux doit être renforcée. Cela vous permettra de détecter plus tôt les troubles et d’assurer une prise en charge adaptée et bienveillante.

Il est temps de changer votre regard sur la santé mentale. Vous devez déconstruire les croyances et les préjugés qui font encore peur, honte et dissuadent. Lancez des campagnes de sensibilisation, en collaboration avec les pouvoirs publics, les médias, les chefs religieux et les leaders communautaires. Ces actions vous aideront à mieux comprendre les troubles psychiques et à agir plus efficacement. Impliquez aussi les familles, les enseignants et les proches. Ce sont eux les premiers protecteurs de l’enfant. Lorsqu’ils sont formés, ils deviennent des alliés précieux.

Enfin, appuyez les associations locales qui œuvrent déjà sur le terrain. Bien qu’elles manquent souvent de moyens, elles connaissent bien le contexte et savent adapter leurs actions. Leur connaissance du contexte et leur proximité avec les populations leur permettent d’offrir des réponses adaptées, humaines et culturellement pertinentes. En leur apportant un soutien financier, technique ou institutionnel, vous renforcez leur impact. Et vous contribuez à construire une réponse durable et adaptée.

Les enfants d’Afrique ne peuvent plus attendre. La santé mentale n’est pas un luxe. C’est une nécessité absolue pour bâtir des sociétés stables, inclusives et résilientes. Si vous continuez à ignorer cette réalité, vous condamnez des millions d’enfants à souffrir en silence. Il est temps que vous preniez vos responsabilités, avec l’aide des partenaires, des bailleurs et de la société civile. Vous devez investir dans la prévention, la formation, les soins et la sensibilisation. Protéger la santé mentale des enfants, c’est garantir la paix, la dignité et la prospérité de demain.


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